« Sciences et société » publie des ouvrages académiques, des recherches universitaires et des essais répondant à la logique et aux exigences du discours scientifique – à conditions que ces travaux intéressent le champ de la psychiatrie, de l’éducation, ou du travail social. Une attention particulière est portée aux recherches emportant des enjeux politiques ou d’actualité vive dans les domaines de l’enfance et de l’adolescence.

Neurosciences : un discours néolibéral ? Psychiatrie, éducation, inégalités

François Gonon

L’engouement croissant pour la biologie du cerveau tient à la conviction qu’elle serait la mieux placée pour expliquer les troubles mentaux, les difficultés scolaires et les inégalités sociales. Pourtant, selon les scientifiques les plus reconnus, les neurosciences n’ont, jusqu’à présent, guère éclairé les pratiques en psychiatrie, en pédagogie ou pour lutter contre les inégalités. Il y a en effet un écart considérable entre le discours triomphant délivré au grand-public et la réalité des avancées scientifiques. Ce double discours favorise une conception neuro-essentialiste des comportements humains. En mettant l’accent sur le cerveau individuel, cette conception occulte les responsabilités collectives, notamment vis-à-vis des enfants et des familles défavorisées. En célébrant la plasticité cérébrale, le discours des neurosciences contribue aussi à renforcer l’idéal néolibéral d’autonomie et d’adaptabilité. Parmi tous les discours d’experts, celui des neurosciences est particulièrement difficile à critiquer sur le fond en raison de sa technicité. Ce livre en propose un examen critique.